« Nous vivons sur une île de placide ignorance, au sein des noirs océans de l’infini, et nous n’avons pas été destinés à de longs voyages. »

We live on a placid island of ignorance in the midst of black seas of infinity, and it was not meant that we should voyage far.

— The Call of Cthulhu, Howard Phillips Lovecraft, 1928

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Sur les cendres des astres est le plus récent corpus de Carl Trahan à l’aide duquel il poursuit ses réflexions autour du travail du philosophe Eugene Thacker. En recourant au dessin, à la peinture, à la sculpture et à l’art olfactif, l’artiste évoque le monde-sans-nous thackérien, un monde qui pourrait être à la fois antérieur et postérieur à notre présence sur la planète que nous nommons Terre, dans un cosmos indifférent à notre existence. À travers les diverses œuvres de l’exposition, Carl Trahan propose de retrouver ce monde – désormais possible à concevoir alors que le spectre de l’extinction plane au-dessus de nous – dans la figure de la nuit, dans le nihilisme ainsi que dans le mysticisme de la ténèbre. /

Sur les cendres des astres is Carl Trahan’s most recent body of work in which he continues his reflections around the writings of philosopher Eugene Thacker. Using drawing, painting, sculpture, and olfactory art, the artist evokes a Thakerian world-without-us, a world that could both predate and follow our presence on this planet we call Earth, in a cosmos that is indifferent to our existence. Through the various works of the exhibition, Carl Trahan suggests we may find this world–which is now possible to conceive as the spectre of extinction hovers above us–in the figure of the night, in nihilism and in dark mysticism. 

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Eugene Thacker est un philosophe et poète étatsunien contemporain connu pour son travail qui réfère au nihilisme, à la théologie négative, au pessimisme et au genre de l’horreur. Dans ses écrits, il explore les questions fondamentales de l’existence – et de la non-existence – humaine dans un univers apparemment indifférent et hostile. En réfléchissant aux limites de la connaissance humaine, Thacker réexamine l’anthropocentrisme et tente de trouver une réponse à cette question existentielle : quelle est notre place dans le cosmos ?

Le pessimisme cosmique décrit par Thacker serait lié à ce qu’il nomme le monde-sans-nous; un monde spectral et spéculatif dans lequel l’humain se serait éteint. Dans une telle conception, la Terre devient une planète parmi d’autres et, en la désignant comme telle, on va au-delà d’un cadre terrestre vers un cadre cosmologique, impersonnel et indifférent à l’humain. Selon Thacker, notre Monde pensé en tant que Planète est un concept négatif; c’est ce qui « reste » après notre disparition.

L’auteur suggère que ce cadre d’interprétation cosmique s’inscrit à la suite des cadres d’interprétation mythologique (classique-grecque), théologique (médiéval-chrétien) et existentiel (moderne-européen). Une telle vue pourrait être comprise non simplement à partir de l’espace interstellaire, mais plutôt à partir du monde-sans-nous; une vue Planétaire. /

Eugene Thacker is a contemporary US American philosopher and poet known for his work around nihilism, negative theology, pessimism, and the horror genre. In his writings, Thacker explores fundamental questions of human existence–or non-existence–in a seemingly indifferent and hostile universe in an attempt to answer an age-old, existential question: What is our place in the cosmos?

Thacker’s reexamination of anthropocentrism is found in his concept of cosmic pessimism, which explores the idea of a world-without-us, a spectral and speculative world in which humans are extinct. In this paradigm, Earth becomes a planet like any other, and by designating it as such, we go beyond its terrestrial framework toward a cosmic one that is impersonal and indifferent to human beings. Our World as a Planet, according to Thacker, is a negative concept; it is what “remains” after our extinction.

The author suggests that this cosmic interpretative framework comes in the wake of other interpretive frameworks, such as the mythological (classical-Greek), the theological (medieval-Christian), and the existential (modern-European). This perspective can be understood not simply in terms of interstellar space, but from a world-without-us; a Planetary perspective.

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« Le pessimisme est le côté nocturne de la pensée, un mélodrame de la futilité du cerveau, une poésie écrite dans le cimetière de la philosophie. »

“Pessimism is the nightside of thought, a melodrama of the futility of the brain, a poetry written in the graveyard of philosophy.”

— Cosmic Pessimism, Eugene Thacker 2015

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Spectre 1

[Spectrom / phantom 1]

Huile sur toile de coton / Oil on canvas, 70 x 65 cm, 2022-2023

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The Gods Themselves Are Later than Creation

[Les Dieux eux-même sont postérieurs à la création]

Graphite sur papier / on paper, 111,8 x 76,2 cm, 2022

Texte tiré de / Text taken from Nāsadīya Sūkta [Hymne de non-éternité, origine de l’univers / The Hymn of Creation]

Nāsadīya Sūkta est le 129e hymne du 10e mandala du Rig-Véda, une collection d’hymnes sacrés de l’Inde antique, probablement écrit entre 1500 et 1000 AEC. Cet hymne a suscité de nombreux commentaires autant dans la philosophie hindoue que dans la philologie occidentale. Selon certain·e·s historien·ne·s, il s’agirait d’un des premiers exemples de pensée agnostique. L’astronome Carl Sagan, par exemple, inscrit ce texte dans la «tradition indienne de questionnement sceptique et d’une humilité inconsciente devant les grands mystères cosmiques. » Notons que l’hindouisme est une des seules religions à considérer que l’univers passe par un nombre infini de naissances et morts, de créations et de destructions. /

Nāsadīya Sūkta is the 129th hymn of the 10th mandala of the Rig Veda, a collection of sacred hymns from ancient India presumed to be written between 1500 and 1000 BCE. This hymn has generated a wealth of commentary across both Hindu philosophy and in Western philology, with some historians believing it to represent one of the first examples of agnosticism. The late astronomer Carl Sagan, for one, described it as part of the “Indian tradition of skeptical questioning and unselfconscious humility before the great cosmic mysteries.” Note that Hinduism is one of the only religions to consider that the universe goes through an infinite number of births and deaths, creations and destructions. 

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Le monde des formes s’ouvre comme un abîme sans fond

[The world of forms opens like a bottomless abyss]

Graphite sur papier / on paper, 111,8 x 76,2 cm, 2022

Texte tiré de  / Text taken from De l’existence à l’existant, Emmanuel Levinas, 1947

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Érèbe

Parfum à base d’alcool dans un flacon de verre, cône olfactif de verre, porcelaine, marbre noir à fossiles blancs de Chine, aluminium / Alcohol based perfume in a glass bottle, glass olfaction cone, porcelain, Chinese seashell fossil black marble, aluminium, 2023

Artiste du verre / Glass artist : Jean-Simon Trottier

Érèbe comporte notamment des notes de poivres, d’encens et de cuir fumé / Érèbe includes notes of peppers, incense and smoked leather.

Édition spéciale de la fragrance dans un flacon lacrymatoire / Special edition of the fragrance in a teardrop bottle. Plus ici / More here

Dans la mythologie grecque, Érèbe personnifie les ténèbres, l’obscurité des Enfers. Il est une des cinq divinités primordiales engendrées par Chaos, la toute première entité. Érèbe est le frère de Nyx, personnification de la nuit avec qui, selon certains auteurs grecs, il a engendré Éther, Héméra, Éléos, Épiphron et Charon. Dans la littérature antique, Érèbe désigne également la région souterraine par où passent les défunts immédiatement après la mort; une région qui serait située entre le monde des vivants et les Enfers. /

In Greek mythology, Erebus is one of the five primordial deities fathered by Chaos, the very first entity. Erebus personifies the darkness of the Underworld. He’s the brother of Nyx, the night, with whom, according to certain Greek authors, he fathered Ether, Hemera, Eleos, Epiphron, and Charon. In ancient literature, Erebus also designates the region between the world of the living and the Underworld, which the deceased pass through immediately after their death. 

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A ___________ Ω

Graphite et peinture époxy sur aluminium, vitrine de verre, de noyer et de suède / Graphite and epoxy paint on aluminium, display case made of glass, walnut wood and suede, 33 x 62,2 x 45,7 cm, 2023

« Je suis l’alpha et l’oméga, le premier et le dernier, le commencement et la fin. »

— Apocalypse, 22:13

“I am the Alpha and the Omega, the first and the last, the beginning and the end.”

— Revelation 22:13

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Mute

[Sourd / muet]

Marbre Noir Belge marble, diamètre / diameter : 29,2 cm, 2023

Sculptrice / Sculptor : Pascale Archambault

Traditionnellement, l’expérience mystique implique une prise de conscience de l’Un étant Tout et du Tout étant Un. L’historien Hal Bridges l’a définie comme étant une « expérience détachée, directe, transcendante, unificatrice de Dieu ou de l’ultime réalité, et l’interprétation de cette expérience par celle ou celui qui l’expérimente ». Pour l’auteur Robert Carroll Galbreath, spécialiste du folklore et de l’occulte, cette expérience ineffable, « transcende la perception de la multiplicité […]. Le sujet et l’objet se fondent et ne font qu’un; rien n’est vu ou entendu; rien n’est pensé ou communiqué ». /

Mystical experience traditionally involves an awareness of the One being All and the All being One. Historian Hal Bridges described it as the selfless, direct, transcendent, intuitive experience of God or ultimate reality, and the experient’s interpretation of that experience”. Similarly, writer Robert Carroll Galbreath, who specialized in folklore and the occult, provides “The mystical experience transcends the perception of multiplicity … Subject and object merge and there is only oneness; nothing is seen or heard, nothing is thought or communicated.”

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« Si, historiquement, le mysticisme vise une union totale de la séparation entre soi et le monde, alors le mysticisme d’aujourd’hui devrait s’articuler autour de la dissociation profonde et de l’indifférence entre soi et le monde. Si le mysticisme historique avait pour objectif l’expérience du sujet et pour principe suprême celle de Dieu, alors le mysticisme d’aujourd’hui – après la mort de Dieu – porterait sur l’impossibilité de l’expérience, sur ce qui, dans l’ombre, se retire de toute expérience possible et qui, pourtant, fait sentir sa présence à travers les bouleversements cycliques du temps, de la terre et de la matière. Si, dans le dernier cas, le mysticisme historique est théologique, alors le mysticisme d’aujourd’hui, qui est un mysticisme de l’inhumain, devrait être climatologique. Il s’agit d’une sorte de mysticisme qui ne peut s’exprimer que dans la poussière de cette planète. » /

If mysticism historically speaking aims for a total union of the division between self and world, then mysticism today would have to devolve upon the radical disjunction and indifference of self and world. If historical mysticism still had as its aim the subject’s experience, and as its highest principle that of God, then mysticism today–after the death of God–would be about the impossibility of experience, it would be about that which in shadows withdraws from any possible experience, and yet still makes its presence felt, through the periodic upheavals of weather, land, and matter. If historical mysticism is, in the last instance, theological, then mysticism today, a mysticism of the unhuman, would have to be, in the last instance, climatological. It is a kind of mysticism that can only be expressed in the dust of this planet.”

— Eugene Thacker, In the Dust of This Planet: Horror of Philosophy vol. 1

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Darkness Wrapped in Darkness

[Ténèbres enveloppées de ténèbres]

Impression au jet d’encre sur organza / Inkjet print on organza, 63,7 x 101,6 cm 2023

Texte tiré de / Text taken from Nāsadīya Sūkta [Hymne de non-éternité, origine de l’univers / The Hymn of Creation]

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Spectre 2

[Spectrum / phantom 2]

Huile sur toile de coton / Oil on canvas, 75 x 160 cm, 2022-2023

Notre compréhension de l’univers a rapidement évolué à partir du début du XXe siècle. Avant cette époque, les penseurs occidentaux le croyait stable, infini et éternel. Seule notre galaxie, la Voie Lactée, était connue. La découverte d’autres galaxies – dont Andromède, la première parmi celles-ci à avoir été observées – a radicalement changé la perception du cosmos, que nous savons maintenant être d’une immensité vertigineuse.

Plusieurs théories tentent d’expliquer l’origine et le destin de notre univers. On croit qu’après le Big Bang initial, l’univers serait en expansion, et que cette expansion s’accélérerait. On pense aussi que cette dernière serait éternelle et infinie, et que les galaxies, voire les étoiles, s’éloigneraient de plus en plus les unes des autres, jusqu’à ce que chacune se trouve une jour isolée dans un univers sombre et froid. Certains pensent que les étoiles consumeront éventuellement tout l’hydrogène et l’hélium disponible dans l’univers et qu’elles finiront par s’éteindre. La théorie du Big Crunch propose qu’à un certain stade, l’expansion de l’univers ralentira puis s’inversera; ce dernier se contractera alors sous l’effet de la gravité. Les galaxies, les étoiles et la matière se comprimeront en un point singulier de densité infinie, semblable à celui qui a précédé le Big Bang. Avec le Big Bounce, on théorise que l’univers passerait éternellement d’une phase d’expansion à une de contraction. Enfin, selon l’idée du Multivers, il existerait une multitude d’univers, chacun ayant ses propres lois physiques et sa propre évolution. /

The human understanding of the universe has greatly evolved since the beginning of the 20th century. Before that time, Western thinkers generally believed it to be stable, infinite, and eternal. Our galaxy, the Milky Way, was the only one to be known. The discovery of other galaxies–including Andromeda, the first to be observed outside of our own–has drastically changed our perception of the cosmos, which we now know to be of a dizzying immensity. 

Several theories try to explain the origin and the destiny of our universe. It is widely believed that after the initial Big Bang, the universe has continued expanding and that this expansion is probably accelerating. It is also believed that this expansion will be eternal and infinite; that the galaxies, and even the stars, will move further and further away from each other until each one of them ends up isolated in a dark and cold universe. Some believe the stars will consume all the hydrogen and helium available in the universe, after which, they will die out. The Big Crunch theory proposes that the expansion of the universe would slow down at some point and eventually reverse itself, causing the universe to contract under the effect of gravity. Galaxies, stars, and matter would compress into a singular point of infinite density, similar to the one that preceded the Big Bang. Another theory, the Big Bounce, speculates that the universe perpetually goes from a phase of expansion to a phase of contraction, while the Multiverse theory proposes the existence of a multitude of universes, each having its own physical laws and its own evolution. 

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Série E. Levinas

[E. Levinas series]

rie de cinq impressions au jet d’encre sur papier débossé / Five inkjet prints on debossed paper, 29,2 x 22,4 cm chacun / each, 2023

Textes tirés de / Texts taken from De l’existence à l’existant, Emmanuel Levinas, 1947

Pour le philosophe français d’origine lithuanienne Emmanuel Levinas, la nuit revêt une signification philosophique profonde. Elle est, selon lui, liée à l’idée d’une transcendance infinie qui dépasse notre compréhension rationnelle. Elle représente un espace dans lequel les certitudes et les repères sont remis en question et dans lequel les catégories habituelles de la pensée sont déconstruites. D’après l’auteur, la nuit nous confronte à l’énigme de l’être et de l’altérité. Elle est un lieux d’opacité et d’obscurité où se manifeste l’Autre, qui est une présence échappant à la compréhension totale et à la possession. Pour Levinas, c’est dans l’obscurité que se trouvent les possibilités de rencontres authentiques et de relations éthiques. /

Night has a deep philosophical meaning for Lithuania born French philosopher Emmanuel Levinas. In his writings, night is linked to the idea of an infinite transcendence that lies beyond our rational understanding. It represents a space in which certainties and benchmarks are called into question and in which the usual categories of thought are deconstructed. Night, according to the author, confronts us with the enigma of being and otherness; it is a place of opacity and darkness where the Other– a presence that escapes total understanding and possession–manifests itself. For Levinas, the possibilities for authentic encounters and ethical relationships are found in darkness.

Ce qu’on appèle le moi

Ce qu’on appèle 
le moi est lui-même
submergé par la nuit
envahi, dépersonnalisé, étouffé par elle.

What we call the  
I is itself submerged by the night,
invaded, depersonalized, stifled by it.

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Le cosmos éclate

Le cosmos éclate pour
laisser béer le chaos,
c’est-à-dire l’abîme,
l’absence de lieu,
l’il y a.

The cosmos breaks up
and chaos gapes open
–the abyss
the absence of place,
the there is.

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Le temps

Le temps est une
image mobile de
l’éternité immobile.  

Time is a
moving image of
immobile eternity.

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Comme une densité du vide

Comme une densité 
du vide.
Comme un murmure
du silence

Like a density
of the void.
Like a murmur
of silence.

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Rien n’approche

Rien n’approche.
Rien ne vient.
Rien ne menace.

Nothing approaches.
Nothing comes.
Nothing threatens.

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Cette nuit qu’aucun rayon n’étoile

[This night which no ray illuminates]

Enseigne au néon, transformateurs et peinture acrylique / Neon sign, transformer, acrylic paint, 127 x 106,7 cm, 2022

Texte tiré de / Text taken from Tristesse d’Olympio, in Les Rayons et les Ombres, Victor Hugo, 1840

Dans le recueil de poèmes Les Rayons et les Ombres de Victor Hugo, Les Rayons témoignent de la connaissance, alors que Les Ombres réfèrent à la tristesse et à la mort. Selon Hugo, les poète·sse·s se doivent d’être des guides qui illuminent les Ombres et offrent un modèle moral basé sur une vision philosophique éclairée du fonctionnement de l’univers. /

In the collection of poems Les Rayons et les Ombres by Victor Hugo, les rayons (or “the beams”) bear witness to knowledge, while les ombres (or “the shadows”) refer to sadness and death. According to Hugo, the mission of poets is to be the guides who illuminate the shadows and offer a moral model based on an enlightened philosophical vision of the functioning of the universe.

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Do I Dare Disturb the Universe

[Oserai-je déranger l’Univers?]

Graphite sur papier / on paper, 55,9 x 76,2 cm, 2023

Texte tiré de / Text taken from The Love Song of Alfred Prufrock, Thomas Stearns Eliot, 1917

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Nyx

Cristal moulé, fils électriques, enseigne au néon, transformateur, peinture acrylique / Molded crystal, neon sign, electric wires, transformer, 157,5 x 106,7 cm, 2023

Artiste du verre / Glass artist : Jeanne Létourneau

Née de Chaos, Nyx est une divinité primordiale de la mythologie grecque personnifiant la nuit. Selon certains auteurs grecs anciens, en s’unissant avec son frère Érèbe, qui personnifie les ténèbres de l’Enfer, elle a engendré Éther, Héméra, Éléos, Épiphron et Charon. /

Fathered by Chaos, Nyx is a primordial deity personifying the night. Some ancient Greek authors state that by uniting with her brother Erebus, the darkness of the Underworld, she gave birth to Ether, Hemera, Eleos, Epiphron and Charon.

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Wesenlos

[Inexistant, irréel, inessentiel, immatériel / insubstantial, unreal, immaterial]

Acrylique, fusain compressé et pastel sur papier / Acrylic, compressed charcoal and pastel on paper, 58,8 x 66 cm, 2022

„Was ist die Zeit? Ein Geheimnis — wesenlos und allmächtig.“

« Qu’est-ce que le temps? Un secret, immatériel et tout-puissant. »

“What is time? A secret—insubstantial and omnipotent.

– Thomas Mann, Der Zauberberg, 1924

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Un homme dit à l’univers :
« Monsieur, j’existe ! »
« Pourtant, répondit l’univers,
Ce fait n’a créé en moi
Aucun sentiment d’obligation. »

A man said to the universe: 
“Sir, I exist!”
“However,” replied the universe,
“The fact has not created in me
A sense of obligation.”


— Stephen Crane, 1899

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Vues de l’exposition / exhibition’s views

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Critique de l’exposition parue dans Le Devoir, en français, ici.

Carl Trahan remercie le / wishes to thank the Conseil des arts du Canada et le / and the Conseil des arts et des lettres du Québec pour leur soutient financier / for their financial support.

Il remercie également / Many thanks as well to Laurent Lavoie, Vicky Sabourin, Dominique Mousseau, Marie Lavorel, Jordan Coulombe, Parid Cefa, Guillaume Lavoie, Sébastien Larivière ainsi que / as well as Marc Dulude.

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Photos : Jean-Michael Seminaro, sauf / except 2 – 7 – 8 par / by Paul Litherland

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